C'est le début des années 60 et le rock'n''roll envahit doucement le pays. Jacques Dutronc n' échappe pas à la vague des groupes rock qui fleurissent à Paris et avec quelques copains, il crée El Toro et les Cyclones qui connait vers 1962 un peu de succès. Après son service militaire en Allemagne, il devient le guitariste d' Eddy Mitchell, qui, après l' épisode Chaussettes Noires débute sa carrière solo. De plus en plus intégré au milieu musical, il obtient un poste de directeur artistique chez Vogue. Il commence alors à écrire quelques titres pour de jeunes chanteuses. Puis Jacques Wolfsohn, également directeur artistique dans cette maison de disques, lui demande d' écrire quelques titres pour Françoise Hardy, vedette montante de la vague yéyé. Pour celle qui deviendra sa compagne quelques années plus tard, Jacques Dutronc compose notamment C' est le temps de l'amour, adapté d'un instrumental de son ex-groupe El Toro et les Cyclones, Fort Chabrol. C'est en 1965 que Jacques Dutronc rencontre l' écrivain et journaliste Jacques Lanzmann. Va naître une longue et fructueuse collaboration entre l' auteur et le compositeur. Elle durera 10 ans. Dans la foulée, Jacques Dutronc va enfin se mettre à chanter. 1966 est une année majeure dans la carrière du jeune chanteur. Dès la sortie de son premier 45 tours, Et moi et moi et moi, le succès est immédiat pour ce titre signé Dutronc/Lanzmann amplifié par la personnalité ironique et nonchalante et l' humour insolent et parfois provocateur de Jacques Dutronc qui devient vedette du jour au lendemain.

Loin de la vogue contestataire de l' époque et du mouvement hippie, Jacques Dutronc développe une élégante image hors mode avec son costume-cravate, fort décalé. Peu de temps après, sort un second super 45 tours, Les Play boys. Nouveau succès et moins d'un an aprs ses débuts il reçoit le prestigieux Prix de l' Académie Charles Cros. A la fin de l'année, sort un premier album et le 45 tours Les Cactus. Jacques Dutronc enchaîne alors les concerts et Franoise Hardy, elle-même au sommet de la gloire, devient sa compagne. En 1967, c' est J'aime les filles, puis début 68, Il est cinq heures Paris s' éveille. Ce dernier titre, emblème du répertoire de Dutronc, deviendra son plus gros succès.
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toute la magie des années 60
 
La Saga Barclay
La disparition d' Eddie Barclay dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 mai dernier, à l' âge de 84 ans. Il avait travaillé avec Quincy Jones, Count Basie, Michel Legrand, Boris Vian, Henri Salvador, découvert et signé d' innombrables talents, parmi lesquels Django Reinhardt, Moustache, Jacques Brel, Léo Ferré, Eddie Constantine, Jean Ferrat, Dalida, Charles Aznavour, Mireille Mathieu, Claude Nougaro, Pierre Perret, Les Chaussettes Noires et Eddy Mitchell ou encore Hugues Aufray, Vince Taylor, Frank Alamo, Monty, Guy Marchand, Brigitte Bardot, Michel Delpech, Nicoletta, Gérard Lenorman, Michel Sardou, Daniel Guichard, Il était une fois, Daniel Balavoine...
Avec sa maison de disques installée à Neuilly, il distribuera dans les années 60 de nombreux labels américains dont Stax, Atco et Atlantic (Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Otis Redding, Aretha Franklin, Percy Sledge... et on se souviendra des brillantes compilations Formidable Rythm'n'Blues). Il importera aussi de nombreuses danses à la mode outre-atlantique durant ces années-là, le twist, le hula-hoop (avec Moustache), le madison, le hully gully, le letkiss ou encore le monkiss lors de soirées parisiennes innoubliables au Bus Paladium notamment avant ses fêtes à Saint-Tropez.
Né le 26 janvier 1921 à Paris, fils de cafetiers, avait débuté sa carrière comme cafetier chez ses parents gare de Lyon puis comme pianiste de jazz. A la veille de la Seconde guerre mondiale, il se lie d' amitié avec deux jeunes talents appelés à devenir célèbres, Django Reinhardt et Boris Vian. Engagé comme pianiste dans un bar parisien, Edouard Ruault change son nom pour le pseudonyme plus "américain" d' Eddie Barclay. La Libération venue, il fonde à Saint Germain des Prés, devenu le haut lieu du jazz, le Barclay' s club où existentialistes et Zazous se côtoient. Le futur directeur du Lido, Pierre-Louis Guérin, lui propose alors de monter un orchestre pour son club, situé près des Champs-Elysées. Dans cet endroit à la mode, Eddie Barclay aura l' occasion de rencontrer le Tout-Paris et de nouer des relations précieuses. En 1949, il décide de fabriquer ses propres disques sous le label Blue Star. Un jeune Américain, Eddie Constantine, la future vedette de cinéma ( La Môme Vert-de-Gris) donnera à la maison Barclay son premier succès avec l' Homme et l' enfant. En 1955, Barclay, de retour des Etats-Unis, a une idée de génie : imposer en France le disque microsillon, tout nouvellement né outre-atlantique. A partir de cette époque, la fabuleuse carrière d' Eddie Barclay prend son essor. Il découvre Dalida, persuade Brel d' enregistrer pour sa maison de disques. Il surfe sur les sixties avec une série impressionnante de succès, lançant un nombre incoyable d' artistes. Il se forge une solide réputation de découvreurs de talents.

En 1967, il lui semble que la chanson française marque le pas en terme de créativité. Pour créer l' électrochoc, il organise, dans un milieu où le sens du collectif n' existe pas, un séminaire d' auteurs et de compositeurs. Moment historique, où toutes les plumes et compositeurs de France se réunissent dans un château non loin de Paris. Puis viennent les années 70 et le flair Barclay ne fait plus les succès. Brouille avec quelques artistes, mort de Jacques Brel... Célèbre aussi pour ses "soirées blanches" à Saint-Tropez, l' homme en blanc va également défrayer la chronique avec ses nombreux mariages (8 au total). En 1978, il vendra son entreprise au groupe Polygram et à la Société Générale pour se retier à Saint-tropez.

Eddie Barclay en compagnie d' Edith Piaf et Henri Salvador en 1958 à l' Alhambra à Paris (Sipa)
Pour Mireille Mathieu c' était "un grand seigneur ! Il m' appelait affectueusement "la petite". Mon premier disque (avec Mon credo et C' est ton nom) est sorti chez lui en mars 66. Sa couleur préférée était le blanc: il était le pape du show-biz. Il aimait les artistes sans doute parce qu' il était lui aussi un artiste, un grand musicien de jazz. Il aimait ce métier de producteur et vivait pour cette passion, toujours à la recherche de nouveaux talents". Le chanteur Carlos, un de ses proches, lui a rendu hommage en le qualifiant d' épicurien, ajoutant que sa mort marquait la fin du "show-business. On perd quelqu' un d' assez étonnant, d' assez extraordinaire, un de ces rares mecs qui avait le sens profond de l' amour, de l' amitié", a-t-il rappelé sur RTL. "Après la mort d' Eddie Barclay, il n' y a plus de show-business, il n' y a plus que du business" a souligné le chanteur qui était un proche du producteur.